Futurisme

Italie: "Le premier futurisme" (1909-1921) & "Le second futurisme" (1921-1944).

Le vêtement doit devenir le champ d'application des théories de la couleur abstraite
en utilisant les connaissances de la physique et de l'intuition.

Prototype de l'avant garde du XXième siècle par le poète italien F.-T. Marinetti en février 1909 grâce à la parution du Manifeste du futurisme dans Le Figaro.

On distingue deux périodes dans ce mouvement qui s'achève en 1944: le "premier futurisme" (1909-1921) et le "second futurisme", introduit par le Manifeste du Tactilisme de F.-T. Marinetti en janvier 1921.

Uniquement littéraire à ses débuts, le futurisme devient au cours de l'année 1910 un courant artistique dont l'originalité repose sur le fait que l'artiste doit être un acteur de l'histoire qui repousse par une attitude provocante et militante les habituels clivages entre les arts afin de rompre avec le passé. Le futurisme se présente comme une réforme globale de la société oeuvrant dans tous les domaines des arts et des arts appliqués. C'est à ce titre qu'il investit très rapidement la mode vestimentaire.

En 1910, A. Ginna et B. Corra, qui se revendiquent du "libéralisme cerebriste" publient L'Art de l'avenir où ils dénoncent l'incompétence des fabricants de mode de leurs époque. Selon eux, le vêtement doit devenir le champ d'application des théories de la couleur abstraite en utilisant les connaissances de la physique et de l'intuition.

En 1911, les futuristes se rendent à Paris pour imposer leur esthétique, et c'est à cette occasion que l'on assiste aux premières manifestations vestimentaires provocatrices du groupe. L'utilisation de chaussettes désassorties de couleurs complémentaires a beaucoup marqué les commentateurs de l'époque, qui ont souligné l'emploi systématique des éclats de couleur et l'asymétrie, principe que l'on retrouve dans l'ensemble de la mode futuriste et qui ont inspiré notamment R. S. Delaunay.

Le vêtement futuriste n'a pas pour vocation néanmoins de définir une silhouette nouvelle, il se voue essentiellement à l'interaction entre le corps et l'espace urbain. En 1913, M. Carli réalise une performance urbaine en portant un gilet de couleur rouge qui doit à lui seul combattre la grisaille de la ville de Florence, tout en revendiquant l'aspect éphémère et mobile des arts du quotidien. Dans le même esprit, les manifestations futuristes seront dans les années 1920 l'occasion d'exhiber des gilets en patchwork de couleur vives réalisés par les artistes du mouvement. G. Balla accordera parfaitement ces idées avec son propre vêtement, utilisant des matériaux modernes et hétéroclites, de multiples transformations lui permettant de communiquer son humeur du moment grâce à des ampoules dissimulées dans sa cravate.

Le MANIFESTE DU VÊTEMENT MASCULIN de G. BALLA, publié en français à Paris en 1914, réaffirme la volonté de rompre avec l'austérité de la mode au profit de formes dynamiques et fonctionnelles dans le vêtement.

La guerre interrompt le projet de publication du MANIFESTE DU VÊTEMENT FÉMININ. Le manifeste de LA RECONSTRUCTION FUTURISTE DE L'UNIVERS de F. Depero et de G. Balla en 1915, formule le principe de vêtement transformable qui donnera lieu à des recherches pour le théâtre où le costume devient un élément à part entière du dispositif scénique.

Encourageant la création des "casa del arte" dans toute l'Italie, le futurisme a beaucoup contribué à l'application de l'esthétique de l'avant-garde dans l'art vestimentaire et la création textile.